REF. [RANT17_MOA]
= Article =
par Herman MOORS, dans
Res Antiquae 17, 2020.
Dans cet article j’argumenterai qu’Aphrodite – ou Kypris, comme elle était appelée par Homère – doit être comprise comme l’interprétation gréco-cypriote de la déesse syrienne Atargatis, qui fera l’objet de la première partie de cette étude. Contrairement à l'opinion courante, son nom sera expliqué comme un composé d'Astarte et ʿAte, ce dernier étant le fils barbu et violent, voir autodestructif, de la première. Cette dualité, fusionnée en une unité symbiotique, reflète sans doute l'image la plus archaïque que l'humanité ait formée de la divinité. Dans la deuxième partie, j'analyse Aphrodite comme une épithète d’origine sémitique qui souligne l’ambivalence de la personnalité de la déesse qui se manifeste clairement à Chypre. En Grèce, par contre, la déesse primordiale traversera un développement qui la métamorphosera en la fille du dieu suprême de l’Olympe. Accompagnée par Eros et Himeros à partir du moment où elle émerge de la mer à Paphos, elle se manifeste d’abord comme Ourania, - appellation qu’Hérodote et Pausanias réservent à l'Aphrodite orientale. Son intégration ultérieure parmi les divinités olympiennes, vraisemblablement en remplacement d’une grande déesse native (peut-être Dione), a ouvert la voie à sa transformation en déesse de l'amour, qui, accompagnée d’un Eros impitoyable ou d'un Mars peu guerrier, hante la fantaisie occidentale jusqu’à nos jours. L’appendice consacré à la déesse Cybèle met en évidence son lien avec la déesse anatolienne Kubaba, tout en défendant l’origine sémitique de son nom et de sa personnalité.
Mots clé : Dea Syria, Derketo, Atargatis, Aphrodite, Kupapa, Kubela, Ru(wa)ntiyas, Hadadrimmon
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